samedi 19 mars 2011




Il est quatorze heures cinquante. Il fait beau. Elle est assise au milieu de cette rue bondée. Elle est blonde, blond platine, cheveux longs, les yeux verts. Mince, très mince. Jolie, aussi. Et elle attend. Au cours de sa courte vie, elle a aimé, adoré, détesté, pleuré, crié, hurlé, fabulé, sauté, tranché, rêvé. Sans retour. Tout ceci n'a servi à rien. Et quand bien même ça aurait servi à quelque chose, ça ne l'aurait avancée à rien. Alors elle se tait. Et elle attend. Elle voit les gens courir, marcher, sautiller, s'arrêter, repartir, se presser, téléphoner, pédaler. A chaque âme qui passe devant elle, elle se pose une question: que fait-il (ou elle) ici? Sûrement va-t-il (ou elle) chez le coiffeur, chez le notaire, dans un pub, chez un ami, chez une amie, chez un amant, dans sa voiture, faire du shopping, rejoindre quelqu'un. Et elle, elle ne fait rien. Mais elle attend. Le bonheur? Non, elle a déjà arrêté d'y penser. Et puis, à force de courir après, on ne sait plus ce que l'on cherche vraiment. Ce qui fait le charme du bonheur, c'est justement le fait qu'il ne soit palpable. Pas palpable du tout. C'est d'ailleurs plus simple ainsi: si on pouvait le voir ou même le toucher, le fait de ne jamais en avoir l'occasion nous plongerait certainement dans profonde frustration. Bref. Qu'attend-elle vraiment? Elle-même ne le sait peut-être pas pas. Et c'est tant pis. Elle attend beaucoup de choses, en fait. De tout, et de tout le monde. Elle attend l'amour, la haine, la tendresse, la peur, la joie, la colère, les pleurs, un coeur, une âme, un bus -qu'en sait-elle?

Attendre. C'était peut-être ce qu'elle faisait de mieux.

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